La question de la fracture numérique est aujourd'hui plus cruciale que jamais. En sortie de pandémie, les données sont frappantes : 10 à 15 % de la population québécoise n'utilise pas internet, tandis que 16 % ne sont que des utilisateurs de base. Cela signifie qu'un quart de la population est en situation de vulnérabilité face aux outils numériques.
Face à cette réalité, la journée de discussions et de réflexion organisée par divers acteurs communautaires, gouvernementaux et du secteur technologique visait à identifier des opportunités de collaboration et à mettre en place des actions concrètes pour réduire cette inégalité.
Lise Langlois, directrice générale de l'Observatoire international sur les impacts sociétaux de l'IA et du numérique (OBVIA), a rappelé l'importance d'un regard critique sur les enjeux technologiques actuels. Pour elle, l'intelligence artificielle et les outils numériques ne pourront à eux seuls favoriser l'inclusion ; c'est une question de volonté et d'engagement collectif.
Rafik Boualam, de la fondation Lucie et André Chagnon, a mis en avant le lien entre fracture numérique et transition socio-écologique. Il a alerté sur le fait que la fracture numérique accentue les inégalités sociales existantes.
Le ministre Éric Caire a reconnu que la fracture numérique est souvent le « sujet dont on ne parle pas », alors qu'il touche non seulement les aînés, mais aussi les populations défavorisées et celles en situation de vulnérabilité.
Karine Gentelet (OBVIA) a souligné trois niveaux principaux de fracture numérique :
Marie-Andrée Côté (Sentinelles numériques, Vote Pour Ça) a rappelé que la fracture numérique est avant tout une question humaine. Ce n'est pas seulement une affaire de générations plus âgées, mais une problématique qui touche toutes les classes sociales et toutes les tranches d'âge.
Baptiste Morch (Flambeau) a proposé une approche progressive pour traiter la fracture numérique, en insistant sur trois postures clés :
François St-Clair et François Girard (MCN) ont présenté la stratégie gouvernementale en cybersécurité et numérique 2024-2028, qui vise à atténuer la fracture numérique selon trois axes :
Le panel de discussion réunissant Marie-Ève Rousson-Godbout (Atout-Lire), Claude Gillet (Communautique), Cynthia Thibault-Larouche (Ciao) et Marie-Noëlle Béland (Engrenage Saint-Roch) ont mis en avant plusieurs initiatives concrètes :
Les intervenants ont insisté sur la diversité des obstacles rencontrés par les personnes en situation de fracture numérique. Certains n'ont pas les moyens financiers d'accéder à du matériel informatique performant, d'autres éprouvent des difficultés à comprendre et utiliser les outils numériques en raison de barrières linguistiques, d'un manque de formation ou encore d'une méfiance envers les plateformes en ligne.
Une problématique soulevée est la perception erronée selon laquelle l'accessibilité numérique ne concerne que les personnes en situation de handicap visuel. Or, elle touche bien plus largement : des personnes en situation de précarité, des aînés, des nouveaux arrivants et même des travailleurs en surcharge cognitive qui, en fin de journée, peuvent eux aussi éprouver des difficultés à interagir avec des interfaces complexes.
Enfin, les participants ont rappelé que l’exclusion numérique n’est pas un phénomène inévitable, mais bien la conséquence d’un manque de prise en compte des besoins de tous dès la conception des services numériques. Ils ont appelé à une approche plus inclusive et empathique, où les concepteurs et décideurs prendraient réellement en compte la diversité des utilisateurs et leurs contraintes réelles.
Tous s'accordent à dire que la fracture numérique ne devrait jamais avoir existé. Si les populations vulnérables avaient été prises en compte plus tôt, beaucoup d'obstacles auraient pu être évités.
Les discussions de la journée ont mis en lumière la nécessité d'une action concertée entre les gouvernements, les organisations communautaires, les acteurs technologiques et les citoyens eux-mêmes. Pour réduire la fracture numérique, il faut non seulement rendre les services accessibles, mais aussi aller à la rencontre des personnes en difficulté et leur offrir un accompagnement adapté.
L'inclusion numérique n'est pas un luxe, mais une condition essentielle à une société équitable. Il est temps de placer l'humain au cœur du numérique.
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